Une excellente question posée sur reddit
Alors, première chose qui me saute aux yeux : le mec se pose une question sur comment avoir une relation avec une meuf, et il a le bon réflexe d'aller poser sa question à des meufs. Ça peut vous paraitre aller de soi, mais il y a plein de jeunes mecs qui ont peur d'aller parler aux femmes. Du coup, ils vont plutôt aller poser la question sur X.incel.com à d'autres mecs qui ont la prétention insensée de savoir mieux que les femmes comment toutes les femmes fonctionnent. C'est du mansplaining bien sûr, mais en l'occurence qui se retourne contre les hommes. Parce que c'est un peu comme quand un pré-ado demande des conseils sur la sexualité à des pré-pubères, les conseils sont pas forcément extrêmement fiables.
La deuxième chose qui me saute aux yeux, c'est que que je vais pouvoir placer une photo d'ouroboros, parce que clairement le serpent se mord la queue dans l'histoire de ce monsieur. Il reste déprimé parce qu’il est en manque d’amour et ne peux trouver l’amour parce qu’il est déprimé.
Cela parait IMPOSSIBLE de trouver l'amour quand on est déprimé
Déjà quand on est en couple avec une personne formidable, continuer avoir une relation de couple parait tellement difficile.
Alors que le plus dur est fait, on a déjà trouvé et validé que c'est la bonne personne, on l'a sous la main, on se connait par coeur, etc etc.
Sortir, rencontrer des multiples inconnuEs, sourire, faire preuve de charisme, de légèreté, s'intéresser en profondeur à l'autre alors que tout notre espace mental est occupé par des ruminations, subir les applis dating de ce monopole de merde (Match Group), ouvrir son coeur, se faire rejeté... en étant déprimé ?
Vous déconnez ou quoi ?
Rien que le fait d'entendre 42 fois cette satanée question "salut ça va ?" m'est absolument insupportable quand je suis déprimé.
Ben non ça va pas, et ça ne va pas à un point que tu n'es absolument pas prêt à écouter. Et du coup tu me poses une pseudo-question qui me force à mentir en disant le contraire de ce que je pense sur un sujet où je suis à vif.
Bref.
Pour en revenir à nos ouroboros, ça parait évident qu'il faut d'abord guérir et se sentir mieux, non ?
Oui, mais ce n'est pas parce que une chose parait évidente qu'elle est vraie
Un brillant message d'utilité publique vient, parmi les réponses, faire retentir un tout autre son de cloche.
C'est effectivement se tirer une balle dans le pied que d'attendre le bon moment pour se mettre en chemin vers ce qui nous inspire.
Si tu es malade et que le chemin vers l'amour te semble trop hardu, rappelle toi de cette maxime puissante du poète Antonio Machado
Caminante no hay camino, se hace el camino al andar
Dont voici ma traduction/traitrise
Il n’y a pas de chemin où tu puisses marcher, c’est en marchant que tu feras apparaitre le chemin.
J'ai un témoignage à apporter
En 2009 je suis tombé dans un cycle de dépressions lourdes, rémissions de courte durée, rechute dans l'enfer etc.
En 2012 j'ai atteint le stade où je n'allais plus mal. Oui, mais ne plus aller mal et aller bien sont deux choses complètement distinctes.
Je voulais parler de ma dépression autour de moi, mais cela semblait impossible car d'un coté c'est incroyablement difficile et douloureux d'expliquer ce qu'est vivre une dépression, de l'autre coté la société actuelle en est à un stade où elle traite les maladies mentales comme elle traitait les sidaiques au début des années 1990.
Je n'en pouvais plus de cette double peine de la maladie et du stigma social.
En novembre 2012, sur adopteunmec, une meuf adopte un mec, moi en l'occurence. Pendant notre troisième rencontre, une longue promenade dans Paris, je prends mon courage à deux mains, et je lui dis que j’ai un sujet horrible dont je lui dois absolument lui parler en détails. Je n'en peux plus de vivre dans cet isolement, et je fais l'effort incroyable d’expliquer autant que faire se peut, et elle, elle fait l'effort incroyable de tout écouter autant que faire se peut.
Cette discussion a laissé des traces. La personne en question a été épaté que j’ai eu le courage de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, et moi j'ai été touché jusqu'au plus profond de mon âme, c'était la première fois de ma vie qu'on me faisait le cadeau précieux d’une telle écoute.
Bref, ensuite on a été mariés pendant 10 ans.
Caminante no hay camino, se hace el camino al andar
Todo pasa y todo queda,
pero lo nuestro es pasar.
Pasar haciendo caminos
caminos sobre la mar.
Nunca perseguí la gloria,
ni dejar en la memoria
de los hombres mi canción.
Yo amo los mundos sutiles,
ingrávidos y gentiles,
como pompas de jabón.
Me gusta verlos pintarse
de sol y grana, volar
bajo el cielo azul, temblar
súbitamente y quebrarse.
Nunca perseguí la gloria...
Caminante, son tus huellas el camino y nada más.
Caminante, no hay camino: se hace camino al andar.
Al andar, se hace camino, y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca se ha de volver a pisar.
Caminante, no hay camino, sino estelas en la mar.
Hace algun tiempo en ese lugar
donde hoy los bosques se visten de espinos
se oyó la voz de un poeta gritar:
"Caminante no hay camino,
se hace camino al andar.
Golpe a golpe, verso a verso".
Murió el poeta lejos del hogar;
le cubre el polvo de un país vecino.
Al alejarse le vieron llorar:
"Caminante no hay camino,
se hace camino al andar.
Golpe a golpe, verso a verso".
Cuando el jilguero no puede cantar,
cuando el poeta es un peregrino,
cuando de nada nos sirve rezar,
caminante no hay camino,
se hace camino al andar.
Golpe a golpe, verso a verso.
Golpe a golpe, verso a verso.
Golpe a golpe, verso a verso.