🇩🇪 Ich bin ein Berliner... bis repetita ?
Je suis dans le train Paris-Berlin... sans billet de retour
J'écris ces lignes dans le TGV Paris-Berlin…
Est-ce un départ définitif ?
Moi: Je suis dans le train pour Berlin à l'heure même où j'écris ces lignes
Aura: Ah ouais ? Mais genre définitivement ?
Moi : Pas encore, je n'y ai ni travail, ni logement, ni petite amie, il y a du boulot !
Aura : Commence par le taf :)
Moi : Oui c'est plus sage ah ah.
Aura : Ah donc tu vas revenir ?
Moi: Oui, je n'ai pas encore déménagé !
Aura : Pourquoi tu pars ?
Moi : Et bien ce n'est pas tant un départ qu'un retour aux sources. Berlin c'est ma ville
Pourquoi je suis parti à Berlin en 2014 ?
Aura : Oui, pourquoi t'es parti à l'époque ?
Katerine : C'est grace à moi !
Moi: C'est vrai, je n'aurais pas eu les ovaires de prendre une décision aussi lourde tout seul.
Moi J'hésitais, j'hésitais. Rétrospectivement c'était exactement la bonne chose à faire.
Aura : Pourquoi ?
Moi : À ma sortie d'école d'ingénieur, j'ai pris la pire décision de ma vie : rejoindre Intox Consulting
Aura : Ah oui la grande époque des SSII. J'ai jamais vraiment compris pourquoi ce système bancal existe. Quel gros bullshit !.
Moi : J'étais naif come pas possible à l'époque. J'ai cru Intox quand ils m'ont dit que ça allait être “très formateur”. Que j'allais pouvoir “varier les missions”, pas comme ces salariés inconstants qui changent de travail tous les 1-2 ans. Que certes la première mission n'était pas forcément top, mais alors la seconde ! Que ça allait crédibiliser mon CV. Que j'allais travailler avec des beaux Grands Comptes du CAC 40. Que j'allais apprendre à porter le costard-cravatte.
Bob : Apparemment même le costard-cravatte ce fut un échec.
Moi : J'ai payé très cher ce choix de carrière. Chez Intox Consulting, j'étais en clash permanent avec mes besoins et mes valeurs profondes, dans l'incapacité de faire mon taf, contraint à être dans le mensonge vis à vis des clients. La plupart des gens attendent un peu avant de faire leur "crise de la quarantaine".
Moi Moi j'étais précoce, c'est à 28 ans que je suis tombé dans l'enfer de la dépression. Une dépression carabinée qui a duré trois années interminables.
Bob : Ah oui quand même
Moi : Quand enfin je suis sorti de la crise, l'estime de soi éparpillée façon puzzle, c'est là que j'en ai vraiment bavé des processus de recrutement à la française...
Bob : Et donc Berlin ?
Berlin fut ma rédemption. Pour la première fois de ma vie d'adulte, j'étais au sein de ma tribu. J'avais une revanche à prendre sur la vie, alors j’ai saisi cette seconde chance à fond.
Aura: Pourquoi y retourner maintenant ?
Moi pour la même raison en vrai, je suis à la fin d'un cycle et j'ai besoin d'un nouveau départ. Ma vie depuis deux ans c'est un grand huit émotionnel pas possible. J'ai l'impression d'être un ingénieur chargé de réparer un avion... en plein vol.
Aura Je t'ai toujours senti en décalage à Paris en vrai
Moi En vrai oui. Je me rappelle quand Katerine avait fait son mémoire de master sur Les outils de coaching au service de l'intégration des expats. Un concept qui m'avait marqué dans son mémoire, c'était celui de contre-choc culturel.
Aura : le choc culturel je vois, t'es habitué aux croissants et au vin rouge, et tout d'un coup tu as des bretzel et de la bière.
Moi : C'est ça. Et bien le contre choc culturel, c'est quand tu reviens dans ton pays d'origine. Tu penses pouvoir y être comme un poisson dans l'eau parce qu'après tout tu en es natif.
Aura : Et en fait non ?
Moi : Non parce que ce dont tu ne t'es pas rendu compte, c'est que toi tu as beaucoup plus changé pendant ces années. Tu as changé plus vite les personnes que tu as quitté, parce que s'intégrer à un pays c'est un effort intense !
Aura : J'ai vécu ça aussi, ça ouvre les ornières
Moi Oui. Tu t'es socialisée avec des gens très différents de toi. Tu as du encore et encore justifié ce qui hier encore te semblait des "évidences" tellement "naturelles" que cela n'en vaut même pas la peine de prendre la tête à en parler. Et tu as au passage laissé pas mal de préjugés au vestiaire. Tu parles mêmes une autre langue, voire plusieurs autres langues, et quand tu parles cette langue ta personnalité change.
Aura Ah oui je vois ! Et ca doit être sournois, parce que autant le choc culturel on s'y attend, autant le contre choc culturel, on n'est pas prêt.
Moi : J'étais pas prêt. Pourtant de bien des manières j'ai fait mon trou à Paris. Mais la culture de travail obsolète du CAC40 a fini par épuiser ma patience. Alors je tire ma révérence.
Comment ça se prend une décision aussi lourde ?
Bob Comment on fait pour prendre une décision comme ça ? Moi j'ai souvent eu envie de le faire, mais de là à franchir le pas, ... wow.
Aura : Ça consiste à repartir de zéro Il y a plein (trop) de chantiers en parallèles :
Galérer avec les visas (sauf si tu es protégé par l'UE)
Apprendre la langue étrangère
Trouver un taf
Trouver un logement
Dompter une nouvelle bureaucratie
Se faire des nouveaux amis, complètement différents des autres
Laisser derrière soi sa famille et ses amis actuels
Moi : Oui c'est pas facile. Partir c'est mourir un peu... pour peut-être renaître tel le phénix ?.
Moi : Quand j'ai quitté mon ancien boulot fin juin, je ne voulais pas choisir. J'ai commencé en mode j'ai pas besoin de choisir entre Paris et Berlin. Je cherche juste du boulot dans les deux villes et je vois où ca me mène.
Aura : T'aimes bien t'éparpiller :)
Moi C'est ca, il y a une dizaine de jours je me suis dit que je ne pouvais plus continuer à avoir le cul entre deux chaises et que j'avais une décision de vie à prendre.
Bob : Pas la plus simple
Moi : Non ! En 2014 c'était assez simple en vrai. Je n'avais rien à perdre. En 2025, il y a beaucoup de choses que j'appréciais dans ma vie parisienne. Choisir fut laborieux, j'ai retourné la chose dans tous les sens.
Moi : Et puis il y a un moment où il faut trancher ! Alors j'ai appliqué le conseil que je donne aux autres quand ils ont besoin de faire un choix de carrière : définis tes critères les plus importants, fais un tableau à deux colonnes, choix A, choix B, les pours et les contre
Et voilà pourquoi je suis aujourd'hui dans un train en Allemagne.
Comment je fais niveau logement ?
Je garde mon logement tant que je n'ai pas trouvé de boulot à Berlin.
J'ai trouvé où me loger de manière temporaire via HomeExchange.
HomeExchange, c'est comme AirBnb, mais bien. On échange des logements, pas de l'argent. Y'a un côté retour aux sources, à l'esprit CouchSurfing.
Comment se passe la recherche d'emploi ?
Ah ça c'est incroyable, j'ai l'impression d'être sur une autre planète
Je ne cherche du boulot à Berlin cela que depuis 10 jours, mais j'en ai assez vu pour vous dire que...
les devs y sont nettement mieux payés
les devs sont beaucoup plus considérés
pas de boomers dans les conseils d'administration qui sont identitairement contre le full remote
Gros soulagement pour moi. Le recrutement à Berlin est géré par des cabinets anglais qui sont beaucoup plus pros
⊖ moins de bullshit
⊖ moins d'hypocrisie
⊖ moins de ghosting
😬 Les phrases qui m'ont tué
"Nous on peut pas payer autant que les autres, parce que les salaires sont décidés de manière transparent par la co-décision au niveau du groupe
Par contre on a mis en place des vrais trucs pour l'équilibre vie pro vie familiales : X, Y et Z"
"L'entretien technique ? Ah non, nous on fait pas
Ça épuise tout le monde et ca n'apporte pas vraiment d'infos fiables.
Nous on utilise la période d'essai pour ça"
"Nous on évalue les candidats en utilisant la méthode de l'entretien structuré"
Quid de mon projet d'agent de carrières ?
Je compte bien continuer.
Et spécifiquement, je compte bien continuer avec les devs français, puisque c'est là que j'ai creusé mon trou, et c'est là que les pratiques de recrutement sont problématiques.
Je ne sais pas encore comment je vais réussir à jongler avec tout cela, mais à chaque jour suffit sa peine.
Sur le principe, le full remote cela marche, contrairement à ce que pensent les boomers.
Et toi tu as déjà penser à quitter l'amère patrie ?
Le premier pas est beaucoup plus facile qu'on ne croit.
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Kennst du das Land wo die Zitronen blühen ? Kennst du ihn wohl ?Dahin ! dahin ! Möchte ich mit dirOh meine Geliebte ziehen-- Goethe
Bonne chance Jean-Michel !