Mais non, tu n'as pas l'air d'être autiste !
En vrai : SI.
La scène qui m'a le plus marqué dans le film "différənte"
Katia, la héroine du film vient d'avoir le même genre de révélation identitaire que moi en janvier 2025, elle s'est rendu compte à 35 ans qu'elle était autiste. Ça fait un sacré choc ! Beaucoup d'évènements chelous de sa vie prennent tout d'un coup une interprétation bien différente.
Vient le moment délicat d'en parler à sa famille, en l'occurence à sa mère.
Spoiler alert : ça ne se passe pas très bien.
La mère : (affectueuse) Tu peux tout me dire ma chérie
Katia : (longue pause) je suis autist[...]
La mère : (sèchement) Autiste ?.... Ahh...
Katia : oui je sai[...]
La mère : (réaction épidermique) N'importe quoi ! Tu ne peux pas être autiste !
La mère : (Ironique) Tu parles ...Tu ne te cognes pas la tête contre les murs à ce que je sache...
La mère : C'est pas parce que t'es un peu spéciale que ça fait de toi une autiste ma chérie...
La mère : Je sais bien que ça fait du bien de ne pas être comme tout le monde, mais quand même !
Katia : (surprise) Mais je ne cherche pas du tout à me démarquer des autres... au contraire, j'ai passé toute ma vie à essayer de faire comme les autres
La mère : (inquisitrice) Tu vois quelqu'un ?
Katia : (ne comprenant pas) si je vois quelqu'un ?
La mère : Je te parle de voir ton psy
Katia : Non...
La mère : Et bien tu devrais !
Katia : (pleine d'espoir) Mais je me suis fait diagnostiquer !
La mère : (Longue pause) Par qui ?
Katia : Par une psychologue spécialiste de l'autisme
La mère : (dénigrante) C'est quand même pas pour rien qu'on va voir une "spécialiste de l'autisme"... à croire que c'est ce que tu voulais !
Katia : Mais j'ai passé le test... et puis moi aussi je sais que c'est ça... tu réagis comme ça parce que c'est la première fois que je t'en pa[...]
La mère : (explose) Mais non t'es pas autiste. N'importe quoi ! Si toi tu es autiste, alors tout le monde l'est !. C'est la dernière mode, c'est ça ? Après vegan, flexi, autiste !
Katia : (chuchotant) Pourquoi tu te mets en colère ?
La mère : (énervée) Mais parce que c'est ridicule ! On devient pas autiste à 35 ans quand même ! Et puis je m'en serais aperçu !
.... (long silence)....
La mère : (soupçonneuse) Qu'est-ce que tu cherches en fait ? À me faire porter la culpabilité de ne pas avoir été une mère assez attentionnée ?
Katia : Mais c'est pas à propos de toi... Enfin je te reproche rien maman. Personne ne te reproche rien maman.
Katia : Je te dis juste : ce n'est pas parce que tu ne veux pas que tu sois autiste que je ne le suis pas !
La mère : (agacée) Ben je comprends pas. Je comprends pas, je.... Mais j'ai l'impression que rien ne va jamais.
Katia (consolante) Mais si, mais si
La mère : (Recentrant la discussion sur elle) Va pas t'imaginer que ça a été facile pour moi. S'entendre dire constamment : votre fille ne parle pas assez, votre fille est trop timide.
La mère : Et j'étais seule. C'est pas ton père qui m'a aidé. Alors lui, pour être dans sa bulle !
Katia : (pleure)
La mère : Toujours la même chose, tu mets fin à la conversation quand ça t'arrange.
Katia(pleure plus fort)
La mère : Mais Katia, on parle ! On ne fait que parler !
Katia(fuit en pleurant)
La mère : Écoute, crois ce que tu veux, mais pour moi t'es pas autiste.
Cette scéne du film "Différənte" est d'une rare violence
C'est l'équivalent d'il y a 30 ans d'une ado lesbienne qui vient timidement faire son coming out auprès de ses proches qui explosent dans le déni et lui font comprendre que non "elle n'est pas lesbienne, elle est quelqu'un de bien".
(Et comme elle, elle sait qu'elle est lesbienne, il ne lui reste plus qu'à se renfermer dans la honte)
Je l'ai entendu tellement tellement souvent ce réflexe du déni
Tu n'as pas l'air d'être autiste !
Comment s'étonner du sous-diagnostic dramatique de l'autisme dans ces conditions ?
Voilà pourquoi moi aussi j'ai mis 43 ans à comprendre que j'étais autiste.
Même moi j’avais l’impression que je n’avais pas l’air d’être autiste.
Mais les faits sont têtus !
Si je demande à des autistes, là j'ai un tout autre son de cloche :
Ah oui, ça tout de suite plus de sens.
Si un bully de collège est capable de se rendre compte qu'il y a une meuf ou un mec plus chelouə que les autres dans la classe, pourquoi un adulte normalement constitué en serait incapable ?
Si vraiment c'était le cas, il faudrait engager le bully de 14 ans, lui il fera les diagnostics à votre place, et pour une fois il fera oeuvre utile.
Par contre lui non plus, il n'appelera pas sa victime autiste, il dira juste qu'elle est cheloue.
Chelou c'est le nom dans le langage courant, autiste c'est la définition scientifique rigoureuse.
On en revient à ce problème de définition.
Toute la discussion pénible qui démarre cet article aurait pu être évitée en suspendant son jugement au lieu de monter sur ces grands chevaux, et en posant à la place une question simple
C'est quoi l'autisme en fait ? On peut définir le truc précisément 2s ?
teasing: je vais pouvoir vous dire ça bientôt !
