Contexte
Moi : Je suis Jean-Michel, alias l'agent double, et après 15 ans de dev, je suis devenu recruteur indépendant pour m'occuper des carrières des autres devs.
L’école du recrutement : J'ai appris beaucoup de mon nouveau métier avec les gens de https://lecoledurecrutement.fr/
LEDR, de son petit surnom, a été fondée parce que "le recrutement mérite son école".
Si tu penses que le recrutement "c'est surtout du feeling et du bon sens", je t'invite à tester ton niveau en recrutement sur https://leparcours.co/test
La conférence : Le 7 juillet je suis allé à la "non-conférence du recrutement" organisée par LEDR.
Public : Le public c'est le réseau de LEDR, donc biaisé envers les gens qui ont à cœur de bien se former pour bien faire leur métier.
Format : Il s'agit d'une non-conférence parce que, au lieu d'avoir des speakers qui endormissent l'audience à grand coup de PowerPoint, il y a des débats encadrés par des animateurs, où tout le monde participe, sans langue de bois.
Session : Le recrutement est-il un business comme les autres ?
Pourquoi ? J'avais sélectionné ce débat pour son beau potentiel trollifère.
Et oui, « la meilleure façon de trouver la bonne réponse n'est pas de poser la question, c'est de donner la mauvaise réponse » — c’est la Loi de Cunningham au cœur du succès massif de Wikipedia.
Le recrutement est-il un business comme les autres ?
Moi je suis plutôt en mode 50 nuances de gris. On a débattu le sujet entre nous avant la conférence, et on a constaté qu'on est en contradiction, à la fois entre nous et dans notre for intérieur
Moi non, j'ai un avis tranché : dire que le recrutement n'est pas un business comme les autres, trop souvent c'est un prétexte pour ne pas professionnaliser le truc
Je suis content que ça devienne un business comme les autres. En tant que vieux de la vieille j'ai connu ça, "c'est avant tout de l'humain" comme excuse au manque de data, de process et d'organisation
Je suis désolée ce n'est pas un métier comme les autres, on a une influence considérable sur la vie professionnelle et la vie des autres, et avec cette influence vient une grande responsabilité.
C'est trop facile, chaque métier a ses spécificités. C'est un business, comme vendre des chaussures, tu dois connaître le coût d'un recrutement
Non mais attends, il y a toute la partie morale, éthique, jugement, évaluation, biais, discrimination qui n'existe pas chez les vendeurs de chaussures et que tu ne peux pas évacuer
Ce qui est clair c'est que dans le recrutement, tu vends tout le temps
Oui, et c'est super dur
En vrai, ce n'est pas un seul métier, on fait beaucoup de choses, de la formation, du coaching, du marketing, de la vente, du copy-writing, de l'administratif, et la liste n'en finit pas de s'allonger
Le corollaire de cela, c'est qu'un recruteur sur 3 pense arrêter son job dans l'année. Les gens arrivent parce qu'ils veulent "faire de l'humain" et ils ne sont pas préparés à ce qui les attend.
Oh ils sont nettement mieux préparés qu'avant. Historiquement, la formation initiale était très mauvaise.
C'est même la raison d'être de LEDR : le recrutement mérite son école.
Jusqu'ici on parle de manière générale, mais la situation est bien différente dans un cabinet, un recruteur indépendant ou un recruteur en interne. Dans un cabinet de chasseur de tête, les choses sont claires, tu es là pour faire de l'argent
Je confirme, j'ai commencé en cabinet et je me suis barré en courant, ce n'était pas mon truc d'avoir l'épée de Damoclès des KPI au-dessus de ma tête en permanence
Moi je vais défendre le "c'est avant tout de l'humain". Parfois le candidat remplit toutes les cases, mais "il n'y a pas le fit". Et oui moi aussi je déteste cela, mais je ne peux pas faire comme si cela n'existait pas.
Je ne sais si "l'humain" est majoritaire ou non, mais on ne peut pas nier que la part d'humain est plus large et plus complexe que dans la plupart des autres métiers.
Et c'est aussi difficile pour nous humainement. Pour moi le plus pénible, c'est le décalage entre l'urgence de la commande et le temps long du résultat.
Oui c'est toujours la question : "À partir de quand le recrutement est-il considéré comme réussi ?"
Je vais prendre le contre-pied, moi je pense que le recrutement n'est pas un métier comme les autres et que le souci c'est au contraire qu'on est trop timides pour l'assumer. Je suis désolée mais moi je viens des RHs et je ne laisse pas passer quand on emploie du vocabulaire déshumanisant comme "je te passe une commande"
Moi je pense que le recrutement c'est un business, mais pas comme les autres
Au moins maintenant c'est un métier. Ce n'était pas le cas auparavant, c'était une tâche de trop qu'une RH généraliste faisait en plus de tout le reste, et donc en mode "je délègue un max"
Je ne suis pas sûr que ce soit déjà un métier. Les choses ont avancé c'est clair, mais on n'en est qu'au milieu du gué.
Tout le monde participe, même ici
Et toi qu’en penses-tu, hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ?
Un bien large débat. ça veut dire quoi “être comme les autres” ?
Comment on aimerait qu’il soit ce fameux recrutement ? Puis tant qu’on y est, est-ce que vous avez une belle grille d’évaluation préétablie ?